Les archives monastiques
Selon l’abbé Duclos, auteur d’une Histoire de l’abbaye de Royaumont en 1867, les archives du monastère furent perdues dans un incendie qui embrasa la charpente de l’église, le 26 avril 1760, avant de se propager au reste des bâtiments, tandis qu’une autre source indique que les archives ont été brûlées par les Calvinistes (A. Butler et J.-F. Godescard, Vie des pères, martyrs et autres principaux saints, 1836). Feu du ciel ou feu des hommes, il semble toutefois acquis que les archives du monastère se trouvaient fortement diminuées lorsque, le 31 mai 1791, l’abbaye de Royaumont fut vendue aux enchères ce qui entraina la dispersion de la bibliothèque, des archives, des objets de culte et des biens mobiliers qu’elle abritait.
Ce qu’il reste de ces documents est aujourd’hui conservé aux archives départementales du Val-d’Oise et des Yvelines, à la Bibliothèque nationale de France, et aux Archives Nationales.
Les archives industrielles
Son nouveau propriétaire la transforma en filature de coton, détruisant l’église dont les matériaux furent notamment employés à la construction d’un village ouvrier. Dans les années 1830, en dépit de cette activité industrielle, le hameau de Royaumont devint une villégiature prisée par l’aristocratie et la grande bourgeoisie parisiennes, attirées par ses ruines romantiques, son cadre forestier et la renommée de son théâtre privé. Après plusieurs reconversions, la fabrique fit faillite et fut fermée en 1860.
Les archives témoignant de l’activité industrielle ont en grande partie disparu mais la Fondation conserve un ensemble d’actes notariés, acquis par Henry Goüin en 1965, riches d’informations sur cette période. D’autre part, de précieux documents heureusement conservés dans des fonds familiaux privés, nous renseignent également sur la vie quotidienne des habitants de Royaumont. Ils ont été partiellement publiés dans le livre Royaumont au XIXe siècle, les métamorphoses d’une abbaye (Créaphis, 2008). D’autres sources sont consultables aux archives départementales du Val-d’Oise et des Yvelines, et aux Archives Nationales.
Les archives congréganistes
L’ancienne abbaye retrouva sa vocation religieuse après son acquisition, en 1864, par la congrégation missionnaire des Oblats de Marie-Immaculée de Marseille puis son rachat, en 1869, par les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux qui y installèrent un noviciat. Les bâtiments, dégradés par plus de 60 ans d’usage industriel, furent à nouveau remaniés lors de restaurations monumentales et l’on s’efforça de les équiper d’un certain (bien que relatif) confort moderne tout en ressuscitant une abbaye idéale, celle de Saint Louis. En 1905, affaiblies par les lois sur la laïcité et la diminution du nombre de leurs pensionnaires, les religieuses vendirent l’abbaye à Jules Goüin, président de la Société de construction des Batignolles, déjà propriétaire du palais abbatial et d’un vaste domaine dans lequel se trouvait enclavée l’abbaye.
Les archives concernant la vie congréganiste sont conservées à Rome dans les maisons générales de l’Association des Sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux et des Oblats de Marie Immaculée de Marseille. Des copies sont consultables aux archives de la Fondation Royaumont qui conservent aussi des plans et des carnets de l’architecte Louis Vernier qui restaura Royaumont entre 1867 et 1900 ; ainsi qu’un bel ensemble de photographies prises au début du XXe siècle.
Les archives du projet culturel
Jules Goüin et ses descendants poursuivirent la restauration des bâtiments qui abritèrent un hôpital pendant la Première guerre mondiale. Dans les années 30, c’est son son petit-fils Henry Goüin qui prit en main la gestion de la propriété familiale. Suivant l’exemple de Paul Desjardins et des rencontres intellectuelles qu’il organisait à l’abbaye de Pontigny, Henry Goüin décida d’ouvrir les portes de Royaumont aux artistes et intellectuels nécessiteux, pour offrir le loisir de méditer, éventuellement de créer, à ceux que trop souvent les difficultés matérielles de la vie contraignent à vivre dans des lieux dont la beauté et la poésie sont absentes. Le 15 mai 1938, il inaugurait, avec son épouse Isabel Goüin-Lang, le Foyer de Royaumont, lieu de travail et de repos pour artistes et intellectuels. Vingt-six ans plus tard, en 1964, le projet était pérennisé sous la forme d’une Fondation Royaumont (Goüin-Lang) pour le progrès des Sciences de l’Homme.
Les archives du projet culturel, entre 1938 et 1964, ainsi que les archives administratives de la Fondation Royaumont sont conservées à l’abbaye et en cours d’inventaire.