Retours de la masterclasse « Au piano avec François-Frédéric Guy »

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Du 11 au 15 novembre 2024, François-Frédéric Guy a dirigé l’ouverture du premier cycle d’ateliers d’interprétation thématique au piano. Cette session a rassemblé cinq jeunes pianistes désireux de perfectionner leur approche de l’œuvre pour piano de Beethoven.

Inspirés par les prestigieuses collections de pianistes de la BLGF (Cortot, Long, Lefébure, Helffer…), ces ateliers associent cours pratique sur le Steinway 1907 de la BLGF et rencontres musicologiques pour une approche renouvelée des sources et de l’interprétation. Ces derniers mettent également en avant la richesse et la diversité des fonds de collections de pianistes de la BLGF et reflètent l’accompagnement de la Bibliothèque auprès de jeunes pianistes professionnels.

Pendant ces cinq jours, les élèves ont pu affiner leur art et approfondir leur travail autour de Beethoven. Quelques mois plus tard, Paul Lecoq, Stéphane Despres, Gabriel Durliat, Sacha Morin et Arthur Coatalen, cinq pianistes de haut niveau, ont accepté de partager leurs impressions après cette semaine intense et riche en enseignements.

I. L’expérience d’apprentissage

Durant ces cinq jours d’apprentissage avec François-Frédéric Guy, l’expérience a été particulièrement enrichissante pour les jeunes pianistes présents. Travailler sur une période concentrée de quelques jours a permis à chacun de se plonger profondément dans l’interprétation d’une œuvre, en ayant la possibilité de mesurer l’évolution de leur travail de manière plus précise et de l’affiner progressivement. Cette immersion totale a offert l’opportunité de se consacrer pleinement à l’étude de l’œuvre, d’aller au fond des détails et de renforcer leur compréhension musicale.

L’un des aspects les plus impressionnants de cette expérience a été la capacité de François-Frédéric Guy à illustrer instantanément ses conseils. En tant que pianiste de très haut niveau, il n’a pas seulement donné des recommandations théoriques, mais les a aussi appliquées directement sur le piano, en jouant chaque passage avec une précision remarquable. Cela a permis aux élèves de comprendre concrètement la mise en œuvre de chaque idée musicale et technique qu’il partageait.

« Le répertoire immense de François-Frédéric Guy et sa maîtrise de chaque note montrent qu’il sait exactement ce qu’il veut transmettre. Contrairement à d’autres enseignants, il n’a jamais négligé l’aspect technique, estimant qu’il est tout aussi crucial que l’expression pour offrir une interprétation de qualité. »

Constant Despres, CNSMDP

II. L’approche de François-Frédéric Guy

En plus de sa virtuosité, ce qui a marqué ses élèves, c’est sa capacité à transmettre son savoir avec pédagogie et sensibilité. Il a su rendre ses conseils accessibles sans jamais imposer de façon autoritaire, favorisant une approche plus intuitive et personnelle. Ses annotations sur tablette, par exemple, ont été d’une grande aide pour affiner les interprétations, en permettant un suivi visuel des points abordés pendant les cours. Pour beaucoup, l’un des moments forts de cette semaine a été la participation à la masterclasse publique, qui a ajouté une dimension supplémentaire à l’expérience. Bien que l’intimité des cours particuliers fût précieuse, la masterclasse a permis de voir comment il rendait son enseignement compréhensible pour un public plus large, tout en restant très précis sur les aspects techniques et émotionnels de l’interprétation. La transmission des sentiments mis dans l’œuvre est aussi un point mentionné par les élèves. François-Frédéric Guy n’a pas seulement travaillé sur l’aspect mécanique de l’exécution mais a aussi montré comment, en tant que pianiste, il est possible d’explorer des éléments que le public ne remarque pas nécessairement en concert. Cette approche a permis aux jeunes pianistes de découvrir de nouvelles perspectives sur leur propre jeu, de comprendre l’importance de l’expression émotionnelle et d’apprendre à explorer des nuances subtiles qui font toute la richesse d’une œuvre.

III. La visite au département de musique de la Bibliothèque nationale de France

Le contenu des œuvres est plus important que le support, mais il était fascinant de découvrir le processus créatif de Beethoven. En voyant ses manuscrits, on comprend qu’il notait immédiatement ses idées, souvent de manière brouillonne. Ces brouillons nous offrent un aperçu de son état mental, tout en nous donnant des indications précieuses sur la manière de jouer ses pièces, révélant ainsi sa personnalité. Voir ces manuscrits fut un moment émouvant et unique – l’occasion rare de contempler l’écriture, les ratures et les gestes de composition d’un compositeur de renom. C’était une expérience passionnante qui a transcendé l’aspect théorique des œuvres, en les rendant encore plus vivantes et personnelles.

« La visite de la BnF, en tant que lieu de savoir, apportait une dimension supplémentaire à cette immersion dans l’histoire de la musique, loin d’un simple cadre de masterclasse. »

Paul Lecoq, CNSMDP

IV. Le groupe de pianistes

L’atelier dirigé par François-Frédéric Guy a offert une expérience enrichissante, tant sur le plan musical que sur celui des échanges entre participants. En dépit du fait que le temps consacré aux discussions ait été limité car l’apprentissage était intense, plusieurs élèves ont eu l’opportunité d’écouter les cours des autres avant ou après leur propre passage. Cela s’est révélé utile, car les conseils de François-Frédéric Guy étaient transposables aux morceaux de chacun, renforçant ainsi la dimension pratique de l’apprentissage.

Les échanges entre les élèves ont été particulièrement appréciés. Bien que beaucoup se connaissaient déjà, étant tous issus du Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM) de Paris, l’atelier a permis de mieux se connaître, d’échanger sur leurs expériences musicales et de découvrir d’autres œuvres que celles sur lesquelles ils avaient travaillé.

« L’ambiance générale était excellente, favorisant une atmosphère d’entraide et de partage. »

Gabriel Durliat, CNSMDP

V. Le cadre de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret

Au-delà de la masterclasse en elle-même, les élèves ont pu profiter du cadre prestigieux de l’ancien hôtel particulier de la rue de Vézelay durant cette semaine. Le lieu, riche d’une histoire s’étalant sur plus de 150 années, est également pourvu d’un piano Steinway 1907. Les élèves ont souligné le fait que ce piano ancien offrait une résonance exceptionnelle et une belle richesse de timbres, en plus de donner la possibilité de maintenir une longue durée sonore sans dissonance. Tout cela offrait un équilibre parfait entre la durée du son et sa disparition, ce qui a permis aux pianistes de mieux comprendre la résonance propre à ces instruments d’époque. Outre la qualité du piano, le lieu en lui-même est remarquable. Le Salon Gustav-Mahler où les participants étaient installés, ajoutait avec son acoustique une profondeur remarquable à l’expérience musicale. En somme, l’environnement dans lequel s’est déroulé l’atelier a indéniablement enrichi l’expérience, en offrant non seulement un cadre magnifique, mais aussi un piano de qualité hors pair.

« Ce piano, loin d’être un modèle Steinway standard, possède une véritable identité. Bien qu’il est parfois plus difficile à apprivoiser, il offre des possibilités uniques pour jouer avec les couleurs, les nuances et les timbres que d’autres pianos plus modernes ne permettent pas. »

François-Frédéric Guy